Qu’est ce qu’El Niño?
La circulation atmosphérique dans le Sud du Pacifique se caractérise par des alizés qui soufflent le long de l'équateur depuis la côte de l’Amérique du Sud vers l’Asie. Ces vents transportent les eaux surfaciques chaudes de l’Est vers l’Ouest. Ce transfert permet la remontée des eaux froides plus profondes le long du Pérou et de l’Equateur, qui mène au climat habituel, correspond à une phase dite La Niña.
El Niño résulte d’une perturbation de la circulation atmosphérique nommé l'oscillation australe, ou El Niño Southern Oscillation (ENSO).
Les alizés guidant le courant océanique en direction de l’Asie s'affaiblissent et ne déplacent plus suffisamment les eaux chaudes de surface pour permettre la remontée d'eaux froides.
Les eaux chaudes vont alors stagner sur les côtes de l’Amérique du Sud et s’étaler jusqu'au centre du Pacifique, ce qui va affecter la circulation atmosphérique. Par exemple, le jet-stream du Pacifique, qui sépare l'air froid polaire de l’air chaud subtropical, va se déplacer au sud de sa position habituelle.
Le phénomène El-niño remplace la situation normale ou La Niña par intervalles irréguliers (tous les deux à sept ans) et peut durer entre neuf mois et deux ans.
Le satellite Copernicus Sentinel-6 en charge de mesurer la hauteur et profondeur des océans a permis à la NASA d’identifier des ondes Kelvin. Ces vagues, de 5 à 10 cm de hauteur et plusieurs centaines de kilomètres de longueur, voyagent le long de l’Equateur depuis l'Ouest du Pacifique vers la côte de l'Amérique du Sud et constituent un premier signe annonciateur d'une phase El Niño.
Les conséquences d’El Niño
De nombreuse études scientifiques ont mis en évidence que ce phénomène affectait le climat global de notre planète. Certaines régions vont subir des sécheresses, d'autres de fortes pluies, mais El Niño va également modifier le parcours des cyclones. Les effets secondaires de ce phénomène sont assez divers : incendies, propagation des virus, famine ou encore l'arrêt de certaines activités économiques.
Le nom d'El Niño a été donné par les pêcheurs sud-américains en référence à l’Enfant Jésus car ce phénomène affecte fortement leur activité pendant la période de Noël. En effet, El Niño bloque la remontée d’eau froide sur les côtes péruviennes, privant la faune aquatique de nutriments tels que l’azote ou le phosphore nécessaire au développement du plancton qui sert de nourriture aux poissons. La pêche est donc fortement impactée localement.
Des conséquences sur le climat local sont aussi documentées. Le littoral situé au Nord du Pérou et à l’Équateur, habituellement peu pluvieux, va subir des précipitations plus abondantes en période d’El Niño. Le niveau de la mer va également être modifié, ce qui va causer la destruction de coraux.
Au niveau du Canada et Nord-ouest des États-Unis, ce phénomène va avoir tendance à adoucir les hivers, tandis que le Texas et de la Floride seront plus pluvieux.
À échelle globale, il a également été remarqué une corrélation entre ce phénomène et un réchauffement de la surface de l’océan Atlantique entre douze à dix-huit mois après la fin du phénomène El Niño.
Les conséquences indirectes de ce phénomène vont également affecter la population et l’économie mondiale. En 2016-2017, El Niño a par exemple favorisé la prolifération du virus Zika en Amérique du Sud et les sécheresses ont causées d'importantes famines dans la Corne de l’Afrique, en Somalie et au Soudan du Sud.
Et le changement climatique dans tout ça?
El Niño est un phénomène global affectant la température des océans, la circulation atmosphérique ainsi que la pluviométrie. Les années à venir vont voir les effets du changement climatique et de ce phénomène se coupler.
Selon l'Organisation météorologique mondiale, les cinq prochaines années risquent d’être les plus chaudes que nous avons connues. L’association entre un épisode d'El Niño et le changement climatique pourraient avoir des conséquences dramatiques sur les côtes Pacifiques et la biodiversité, mais également, à échelle globale, modifier davantage un climat déjà changeant. El Niño pourrait notamment intensifier les sècheresses ou les intempéries sur certaines parties du globe.
De fortes sécheresses et des incendies sont attendus en Australie, Indonésie et plus largement en Asie du Sud-est. La Corne de l'Afrique devrait voir la sécheresse qui la frappe s’adoucir et le Sud Ouest des Etats Unis subir des épisodes de fortes pluies, attendues depuis longtemps dans le contexte de pénurie d’eau actuel.
D'autres conséquences sont à prévoir au niveau de l'agriculture asiatique. En effet, El Niño déplace les zones de pluie vers l’Est pendant la mousson et s’accompagne de précipitations moins importantes. Cependant, la culture du coton ou du riz nécessite une pluie très abondante. El-niño va donc affecter l'économie de plusieurs pays, producteurs de matière première, vivant de la pêche ou encore de l'agriculture.
Malgré toutes les études menées et nos connaissances du changement climatique et d'El-Niño, les effets couplés de ces deux phénomènes vont être très suivis pour anticiper leurs conséquences sur la population, la biodiversité et l'économie mais également mieux comprendre leurs liens et interactions.